Publié le 24 février 2025
La consolidation des fonds en Europe aura un impact limité sur la réduction des coûts
L’Efama (Association européenne de la gestion d’actifs) estime que la consolidation des fonds en Europe n’aura qu’un impact limité sur la réduction des coûts liés aux produits financiers. Cette analyse est issue de son rapport Beyond Fund Consolidation, publié le 20 février. L’étude se base sur les OPCVM actions, constatant que l’Europe compte beaucoup plus de fonds que les États-Unis (10 281 contre 5 358 en 2023). Toutefois, la taille moyenne des fonds européens est nettement inférieure à celle des fonds américains (501 millions d’euros contre 3 458 millions de dollars).
Cette fragmentation du marché suscite des inquiétudes parmi les décideurs politiques, les organisations de consommateurs et d’autres parties prenantes. En effet, les fonds de plus grande taille bénéficient d’économies d’échelle, notamment sur les frais d’information financière, ce qui leur permet d’offrir des coûts réduits aux investisseurs.
Une consolidation limitée par plusieurs facteurs
Selon l’Efama, plusieurs facteurs poussent actuellement les sociétés de gestion à consolider leurs fonds, notamment :
- Les coûts croissants liés à la réglementation et à la gestion des données
- La pression continue pour réduire les frais
- Les initiatives telles que Value for Money, qui évaluent les coûts et performances des fonds
Cependant, malgré ces incitations, le nombre total de fonds OPCVM n’a diminué que légèrement en 2023 (-140 fonds), illustrant la résistance du marché. L’Efama souligne que des contraintes réglementaires, opérationnelles et spécifiques aux marchés locaux continueront de limiter les réductions à venir.
De plus, de nombreux gestionnaires protègent leur part de marché locale en s’appuyant sur des réseaux de distribution bien établis, limitant ainsi la consolidation. Même si celle-ci était facilitée, l’impact resterait modeste : une réduction du nombre d’OPCVM européens pour atteindre le niveau américain ferait passer la taille moyenne à 962 millions d’euros, loin des 3 129 millions de dollars des fonds américains.
L’Efama considère donc cette stratégie irréaliste et inefficace pour atteindre une taille comparable au marché américain.
L’épargne retraite comme solution alternative
Plutôt que de se concentrer sur la réduction du nombre d’OPCVM, l’Efama recommande de favoriser une croissance continue des actifs sous gestion. Elle souligne l’importance de promouvoir l’épargne, notamment pour la retraite, afin d’augmenter la taille moyenne des fonds.
L’une des principales différences entre l’Europe et les États-Unis est la place centrale des fonds dans l’épargne retraite américaine. Aux États-Unis, 47 % des actifs des fonds communs de placement sont détenus dans des régimes de retraite et des comptes de retraite individuels (IRA), représentant 11 900 milliards de dollars fin 2023. En comparaison, en France, les encours du PER (Plan d’Épargne Retraite) atteignaient seulement 118,9 milliards d’euros, malgré une croissance de 25 % sur un an.
L’Efama estime donc que renforcer les systèmes d’épargne retraite en Europe permettrait d’accroître les actifs sous gestion, d’améliorer la rentabilité des fonds et de réduire les coûts, une approche jugée plus efficace que la seule consolidation des OPCVM.